Je suis la présence. Le souffle.
Ils nagent, les canards. Elles sont là, à côté, les mouettes. Un peu plus loin que les pigeons. Les barges passent. Les nuages aussi. L’eau est là pour les porter, l’air aussi. Les nuages passent. Tout passe et tout reste là, jour après jour.
Comme un rituel éternel.
Eux aussi, ils passent avec leur vélo, leur trottinette, leurs pieds. Parfois même sans s’arrêter. Souvent sans s’arrêter. Je viens de voir le canard amerrir et l’autre lui sauter dessus, peut-être même le chevaucher pour quelques instants roucouler. Tout passe et rien ne passe. Jour après jour. Ils sont là, à quelques mètres de l’agitation de la cité que chacun cherche à habiter sans même parfois vraiment l’habiter.
Alors je m’arrête pour les regarder un peu s’affoler, lorsque la barge déclenche ces vagues qui pourraient les submerger. Certains s’envolent un peu plus loin. Eux restent pour se laisser porter sans nausée. Jour après jour, à côté d’eux, je marche les cheveux au vent. Grâce à eux, chaque jour je découvre que je suis vivante comme eux. Qu’un lien nous unit pour la vie. Cette terre sur laquelle je marche. Ce ciel qui me surplombe. Cet air que je respire, que nous respirons, tous, êtres vivants.
Ce souffle de la Vie. Cette Présence. Qui est là si je veux bien m’arrêter pour l’écouter, la sentir, la ressentir. Qu’elle est douce et tranquille cette Présence. Là, juste là. Elle me dit : « Tais-toi et regarde ». Elle respire et m’inspire.
Tout passe. Tout change. Elle non. Elle est. Là. Maintenant tout de suite. Le souffle.
La Présence.
Laisser un commentaire