l’exercice du vide

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La nature n’aime pas le vide. Comme un trou béant, une tombée dans un néant et le besoin alors de le combler, voire de l’anticiper pour l’éviter. Source d’anxiété, de peur ? Vous cherchez et vous accrochez à tout ce que vous pouvez pour être certain de bien exister. À la poursuite du faire et de l’action qui viennent alimenter une liste de tâches bien effectuées et ainsi vous rassurer. Cette action sans fin dans cette société où l’on vous demande votre curriculum vitae avant même de vous rencontrer. Un mot d’ordre, une injonction.

Au détour d’un dîner, alors qu’on ne vous connaît pas, la première question qui vient à la bouche n’est-ce pas : « Que faites-vous dans la vie ? » Avez-vous déjà tenté de répondre : « Rien ». Il est alors probable qu’on se détourne de vous, terrain glissant, propice au malaise : on ne sait pas quoi faire de ce « rien » posé entre vous et votre interlocuteur.
J’ai l’intime conviction que lorsque je m’allonge et que je m’arrête de « faire », je savoure alors le fait d’être et de ne rien faire. « Bravo ! tu ne fais rien, c’est bien » sont les mots que j’entends dans ma tête. « Oui, je sais faire aussi… Mais non, menteuse ! Il y a tes rêves et tes fantasmes qui se précipitent pour habiter chaque recoin de ta pensée et point de répit te laisser. »

Ce terrain sans cesse occupé alors qu’on croit pouvoir enfin respirer. À l’extérieur, à l’intérieur, nulle place pour le vide, le rien… Et le silence n’y change rien.

Ce vide est pourtant une source d’inspiration. Indispensable il est pour être à l’écoute de cette petite voix intérieure au plus profond de soi. Douce et si tranquille qu’il nous faut prendre le temps du « rien » pour l’entendre. La laisser progressivement monter du plus profond des tripes pour lui permettre de s’exprimer. La voix de l’âme. Le GPS intérieur qui nous indique notre voie. « Alors, tais-toi, silence. »

Ce vide est nécessaire pour arrêter de nous gaver de consommation en tout genre, qu’elle soit d’ordre matériel, intellectuel ou spirituel. Se laisser ainsi le temps d’avoir faim. D’identifier cette faim et de la nommer pour la nourrir de façon appropriée et mesurée. « C’est alors que je peux épouser. Me sentir ainsi ajustée. Ce vide en moi, comme une frontière, un espace entre l’intérieur et l’extérieur pour rythmer un mouvement de balancier de l’intérieur vers l’extérieur et de l’extérieur vers l’intérieur. 

Ce vide. Une ponctuation. Un silence. Une respiration.

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