Elle est là. Debout devant moi. Et je la trouve belle.
D’une infinie douceur. Humble. Réfléchie. Curieuse. Perspicace. Profondément humaine et sensible. À l’écoute. Discrète. Souriante et gaie pour des moments choisis.
Comme un vase qui pourrait se casser au son d’un ton un peu trop élevé, je sens chez elle cette grande fragilité. De maquillage, elle n’en a point. De couleur, elle n’en a point… ou si, mais neutre. Elle est là, à la fois présente et transparente.
Je la regarde. Ses grands yeux bleus. Elle me regarde.
Elle ne sait pas. Elle ne sait plus pourquoi elle est là. Elle semble perdue.
Si l’entreprise va bien, elle va bien ; si son équipe va bien, elle va bien. Si son environnement va mal, elle va mal. Si son patron lui dit de changer, elle change. Peut-être veut-elle changer ? Et peut-être est pour cette raison qu’elle est plantée là, en face de moi ? Mais l’autre, l’expert lui dit de ne pas changer. Alors finalement c’est lui qui a raison et elle choisit de ne pas changer. Et puis au fond, ce n’est pas si mal. Mais au fond, elle ne sait pas.
Peut-être guidée depuis tant d’années par le regard du père sur la petite fille qui apprend à marcher et qui n’en finit pas de grandir sous ce même regard ? Peut-être guidée, attirée et séduite par le regard du masculin sur le féminin qui agit alors conformément aux attentes qu’elle se fait du masculin ? Femme-enfant qui ne sait pas, qui doute et tâtonne, qui adhère et épouse le regard de l’autre pour se mettre en mouvement vers autre chose, autrement, peut-être. Alors, je l’invite à se regarder chaque jour dans le miroir pour trouver en elle ce regard sur elle-même et sur ce vers quoi elle désire tant aller.
Elle et moi ? Regards croisés vers un dialogue intérieur.
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